« Das Mädchen » : la « gamine ». Quand Kohl s’oublie.

Il est triste souvent de constater comment des gens en fin de vie, devenus impuissants à dominer le cours des choses, les autres et leur propre corps, tombent dans l’amertume, le ressentiment sans fin, la rancune, l’aigreur… ne réussissant pas à faire la paix avec eux mêmes et leur entourage.

On le comprend, oh combien, mais parfois, cela tourne à la farce car tout n’est toujours pas bon à dire. Surtout quand on voulait entrer dans l’Histoire avec la stature d’un homme d’Etat, visionnaire et responsable.

Ainsi en va-t-il en ce moment d’Helmut Kohl, 84 ans, Chancelier de la RFA de 1982 à 1998 et « père » de la réunification.

Alors que l’Allemagne s’apprête à fêter le 9 novembre prochain les 25 ans de la chute du mur, celui qui présida la CDU de 1973 à 1998 et l’immense destinée de son pays, ne cesse de défrayer la chronique médiatique outre-Rhin.

En cause : le livre du journaliste Heribert Schwan, « Testament » (Ed. Heyne) basé sur les quelques 600 heures d’interviews que « le père de l’unité allemande » avait bien voulu lui consacrer entre 2001 et 2002, avant qu’un AVC (accident vasculaire cérébral) ne le cloue sur un fauteuil roulant en 2008.

Et où il règle ses comptes avec tout un chacun, ses proches (Schäuble, Blum) et ennemis de toujours, sans élégance et le tout dans le même sac. Dont Angela Merkel.

 Et là, une sorte de sursaut féministe nous prend. Non pas que nous le soyons, ou qu’Angela soit notre tasse de thé, mais quand on lit ce qu’on lit sur elle, notre sang ne fait qu’un tour.

Passe encore que la jeune femme, alors âgée de 35 ans, engagée corps et âme dans l’opposition au régime communiste de son pays de l’époque ne sache pas « manger avec un couteau et des fourchettes » et se plier aux protocoles des républiques bien établies, n’ait pas de « vision »…

Mais qu’elle soit « das Mädchen » soit une « gamine », là, c’est trop. Dans le mépris.

http://abonnes.lemonde.fr/europe/article/2014/10/07/vacheries-et-confidences-d-helmut-kohl_4501800_3214.html

http://www.lefigaro.fr/international/2014/10/06/01003-20141006ARTFIG00263-helmut-kohl-raille-le-manque-d-intuition-d-angela-merkel.php

En Allemand, « das Mädchen », à moins que vous ne vous adressiez affectueusement, à une enfant de 8 ans, cela est tout sauf « mélioratif ».

 » Das Mädchen », c’est la « petite fille » légèrement bête mais bien gentille, l’innocente, la stupide, la naïve, l’idiote de service, voire la « bonne » (Comme les chambres de « bonnes ») ou la pute (la « fille » dans la rue quoi). Bref, rien de neuf sous le soleil dans un monde patriarcal et misogyne.

C’est un peu beaucoup non ? Normal en politique mais quand même « nul », non?

Depuis, Angela a su montrer qu’elle était une tacticienne hors pair et savait faire le vide autour d’elle. Et gouverner, au centre, une nation en mal d’identité.

Du moins peut-on lui reconnaître cette qualité. Féminine ? Peu importe à la limite.

Présent à la Foire du livre de Francfort la semaine passée pour « vendre » ses mémoires officielles « De la chute du mur à la réunification » (Ed. Droemer), Helmut Kohl semble n’avoir eu qu’une remarque à faire « Personne n’est là, comme avant ». Bonjour tristesse.

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« Ich hatte einen dicken Kopf »

Dimanche dernier à Cologne. Profitant d’une journée clémente, nous nous promenons à travers la ville et atterrissons sans l’avoir prévu du côté de Eigelstein, en pleine course cycliste.

Situé juste à côté de la Cathédrale (et de la gare), entre les anciennes enceintes romaines et celles du Moyen-Age, Eigelstein est un de plus vieux quartier de Cologne. Un temps « fermé » pour cause de prostitution dans les années 60, depuis trois décennies appelé « la petite Istambul » en vertu de sa population turque, « Eigelstein » a pour autant gardé son côté très populaire « typiquement colonais », pour ne pas dire allemand.

Assis à la terrasse d’un café bondé, et alors que nous attendons depuis un quart d’heure notre commande, une femme poussant devant elle un landau, nous demande si elle peut prendre place à notre table. En Allemagne, ceci est de coutume et bien sûr nous disons oui.

Elle commande un Coca et un café liégeois à une serveuse de passage et complètement débordée.

Aussitôt la conversation s’engage.

« Ma fille m’a refilé la p’tite parce qu’ils sont en plein déménagement. Je n’ai pas eu mon mot à dire, elle me la mise dans les bras et m’a dit, promène-la ! ». On s’imagine la scène.

Difficile cependant de donner un âge précis à cette Grand-mère. De taille moyenne et de saine corpulence, ses cheveux noir corbeau sont montés en un chignon crêpé dans les règles de l’art. Mangé par de larges lunettes de soleil à la Dolce & Gabbana, son visage suggère un généreux usage de fond de teint ou de studio de bronzage.

Dans la poussette, la petite commence à pleurnicher. Sa Grand-mère lui prépare vite un biberon de lait, la prend avec précaution dans ses bras et lui donne à manger. Ce qui semble être un nouveau né, tête goulument.

« Doucement ma petite, doucement. Tu avales toujours trop vite et après tu recraches tout ».

La minuscule n’en a cure, déglutit sans reprendre sa respiration et effectivement après quelques lampées, s’étrangle…

« Tu vois, je te l’avais bien dit », lui parle sa Grand-mère en lui essuyant d’un seul geste, les lèvres, le menton et – tant qu’on y est – tout le visage.

« Elle a quel âge ? »

« Sept semaines… Ma fille est en train… »

La serveuse arrive enfin avec nos boissons.

Ma GM lui commande pour la deuxième fois son Coca et son Café liégeois.

« Dites-donc, vous ne trouvez pas qu’on attend longtemps dans ce café ? ça fait dix minutes que je suis là avec la petite et je n’ai toujours pas eu ma commande ».

« Ils sont débordés ».

La petite a fini de manger et sa grand-mère tente de la calmer en la mettant sur son épaule et en lui tapotant dans le dos.

Quelqu’un passe sur notre trottoir et la salue par son prénom.

Peu après, un homme, venant du bar PMU d’en face, traverse la rue et vient aussi à sa rencontre. Elle semble connaître tout le quartier.

« Salut Christian, ma fille est en train… ».

Le Coca arrive sans le Café Liégeois. Elle repasse sa commande à une autre serveuse et rajoute un autre Coca sur sa liste. La serveuse est en pleine confusion.

Quelques instants plus tard, un adolescent, qui s’avère être aussi son petit fils, la rejoint à sa table, une liste de pari pour les matchs de foot en cours à la main.

« Tu veux un Coca ? ça fait dix minutes… »

La petite de 7 semaines, elle, s’est endormie, confortablement installée sous une petite couverture entre les deux seins généreux de sa grand-mère. Celle-ci regarde à intervalle régulier si tout va bien.

Le Café liégeois n’arrive toujours pas. Légèrement excédée, ma voisine commence à me parler de son dernier week-end, où, à Dellbruck, un autre quartier éminemment populaire de Cologne, il y avait une fête de rue à laquelle elle s’est rendue. Et qui n’a pas plus été un succès.

« Ach es war auch voll. Ich hatte so einen dicken Kopf ! »

Comprenez, elle avait trop bu, mais pas du Coca.

Souvenir de Paris, l’été, avant que l’automne ne nous rattrape définitivement …

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On était parti pour une journée à Paris. Avec deux adolescentes. Au programme, à 10 heures, vite, vite, une exposition sur la Grande Guerre à la Bibliothèque Nationale François Mitterrand, ensuite, vite, vite, un petit tour dans la librairie du Musée, puis, un peu moins vite, une visite dans le H & M d’en face pour faire oublier le tout… avant de faire un tour en bateau mouche sur les CANAUX DE L’OURCQ ET SAINT MARTIN.

Car, de fait, c’était le véritable but de cette journée.

Découvrir Paris sous un autre angle, profiter nonchalamment du soleil sur un Deck à ne rien faire d’autre qu’à regarder passer les écluses où la façade de l’Hôtel du Nord en se rappelant les paroles d’Arletty : « Atmosphère ! Atmosphère ! Est-ce que j’ai une gueule d’atmosphère ? ».

Las, cela n’a pu se réaliser. Quand nous sommes arrivées à l’heure indiquée, sur le quai d’embarquement à côté du Musée d’Orsay, ce fut pour nous entendre dire, qu’en dehors des WE, les départs avaient lieu de la Bastille. Que donc c’était trop tard. Il a aussi fallu avouer par la même occasion que le dit « tour » aurait de toutes façons duré 2 h 45. Soulagement généralisé. Très bien.

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Mais qu’est-ce qu’on fait maintenant ?

Oui. Bonne question. Qu’est-ce qu’on fait dans ces cas là, en plein été, dans Paris, avec deux adolescentes qui ont déjà eu le plaisir de s’informer sur les causes et conséquences de la Première Guerre mondiale à 10 heures du matin ?

Et bien, vous improvisez.

Regardez là-bas ! Ce sont les Tuileries, le Louvre et sa Pyramide !

Ah oui, on va faire des photos de touristes à côté de la Pyramide !

Et nous voilà parties. A pied.

On traverse les Tuileries.

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Elles avouent que c’est idyllique. C’est tellement idyllique qu’on s’autorise à faire comme les touristes italiens, soit à s’asseoir sur les fauteuils verts de gris, à se désaltérer, délasser les pieds, papoter, chasser les pigeons, farnienter…

Et puis, tout à coup, alors qu’on la croyait réservée pour l’hiver, on la voit ! La Grande Roue !

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 Terre à bâbord, nous sommes sauvées.

On s’approche, on s’approche, heureuses en perspective, et là, surprise des surprises, se découvre à nous à côté un « chairoplane » (c’est ainsi que cela s’appelle).

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 La joie pure. Agrémentée de petits drapeaux bleu, blanc, rouge dans le ciel de l’été. Et l’on se souvient de Yves Montand chantant « Sous le ciel de Paris ».

http://www.youtube.com/watch?v=ceFxrmQhRAg

Merkel prise d’un fou rire avec Hollande

A peine avons-nous repris ce blog, que déjà nous devons nous dédire.  Non seulement Me Merkel peut laisser transparaître une certaine joie en public à l’issue d’un match de foot concluant pour son pays, mais elle peut aussi rire à gorge déployée.

Ci joint la preuve par l’image où vous voyez la Chancelière et notre président François Hollande être pris d’un fou rire lors du sommet de l’OTAN du 5 septembre dernier.

http://videos.lexpress.fr/actualite/politique/video-hollande-le-fou-rire-avec-merkel_1573290.html

François avait-il encore une fois fait preuve de son sens imparable de l’humour bonhomme et/ou sarcastique? Qui sait?

Cela s’est passé en 2013/14 en Allemagne…

Puisque nous reprenons ce blog après une année de silence, commençons donc, pour nous remettre dans le bain, par tenter de nous souvenir des évènements marquants des 12 mois écoulés outre-Rhin …

Naturellement et tout de suite on pense surtout à La coupe du monde de foot ! Et oui, comme tout le monde le sait, l’Allemagne, nation du ballon rond s’il en est, l’a emportée avec brio à Rio au Brésil en juillet dernier! Haut la main, pour ne pas dire de manière presque « indigne » lors de la demi-finale avec le Brésil (7/1). A l’usure mais avec doigté contre l’Argentine (1/0) lors de la finale le 13 juillet.

Ici quelques images, prises en direct de notre salon, où vous reconnaîtrez sans peine ( !) les héros des héros, à savoir Miroslav Klose, l’ancien, Lukas Podolski , le p’tit gas surdoué de Cologne (mais qui ne jouait plus depuis plusieurs matchs), Bastian Schweinsteiger (encore un surdoué, de Bavière cette fois, et depuis nommé capitaine de l’équipe)… et… le chouchou des chouchous, celui qui marqua le but décisif à la 113ème minute du jeu (ouf): Mario Götze, 22 ans, de taille « moyenne » pour ne pas dire « petite », mais adroit, malin, pas grande gueule voire timide. Bref, ayant tout pour plaire.Windows Phone_20140714_016

Ah, Mario

Ah, Mario

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Nous ne résistons pas à également à présenter cette autre photo, où, comme il est maintenant coutume de le mentionner avec insistance, nous voyons Angela Merkel, Chancelière allemande, félicitant les joueurs de sa tribune ET MANIFESTANT DE LA JOIE. Bref se lâchant un peu pour ce qui est de l’expression de ses sentiments. Sinon jamais.

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A propos Angela Merkel… Sa réélection en septembre 2013 et pour la troisième fois consécutive en tant que Chancelière de la République fédérale d’Allemagne, a été l’autre grand événement de l’année passée. Ou disons plutôt le NON EVENEMENT.

Dotée d’une popularité record et qui ne se dément pas depuis des mois, (72% des allemands se déclaraient satisfaits de son travail en avril dernier) voire des années, le succès de cette physicienne et fille de pasteur est-allemande aux dernières élections législatives en Allemagne n’a alors en effet surpris personne.

D’ailleurs il n’y eut pas de campagne électorale à proprement parler de son côté ni du côté de son parti (CDU), tout reposant de facto sur sa seule personne, des portraits d’elle à la verticale ou l’horizontale pour mettre en valeur sa célèbre « Raute », soit position des mains en losange, signifiant ainsi sa circonspection, son calme et sa résolution en toutes circonstances, telle une vraie « Mutti » protectrice.

Source : n-tv

Sur ces élections, ennuyantes au possible car sans réel débat ce qui n’était pas faute d’enjeux, tout a été dit ou presque. Passons.

En revanche, ci-joint quelques réflexions glanées dans la presse ces derniers temps et qui éclairent de manière intéressante comment Me Merkel conquiert et surtout garde le pouvoir.

Dans un essai publié par le Spiegel fin août 14 (35/2014) Dirk Kurbjuweit, journaliste et écrivain, a très bien résumé en 7 points ce qui fait sa force :

  • le situationnisme (soit l’art d’utiliser des situations de « crise » pour prendre des décisions immédiates. Ex : Fukushima et la sortie du nucléaire),
  • la docilité (se rallier à la majorité quand tout plaide en ce sens),
  • le silence (c’est sûr, « se taire » compte parmi les meilleures armes de destruction massive),
  • le faire semblant d’agir (mettre en place de comités bidules pour enterrer les sujets… on sait faire aussi),
  • l’ennui (ne jamais attaquer, prêter le flanc à l’emportement, rester « neutre »),
  • l’indolence (selon l’adage : « celui qui ne risque rien, ne fait rien de faux non plus », soit entre autre procrastiner jusqu’à en devenir immobile)
  • et enfin l’absence d’engagement pour n’être lié à rien.

Bon, à cette occasion et dans la rubrique « indolence », nous avons appris une nouvelle expression : la démobilisation asymétrique.

Personnellement, on connaissait déjà l’expression « neutralisation asymétrique » qui consiste à spolier un parti adverse d’une partie de son programme pour mieux se débarrasser du tout (ex : la sortie du nucléaire adopté en 2011 = exit les Verts outre-Rhin), mais « démobilisation asymétrique »!!!!!! Pour ceux qui sont comme moi, explication de la variante : Cette tactique consiste, pendant une campagne électorale cette fois, non pas à mobiliser son camp, ses électeurs, en clivant au maximum le débat (suivez mon regard…), mais au contraire à rester atone pour ne pas brusquer le camp adverse et faire en sorte que les électeurs du dit camp adverse RESTENT A LA MAISON LE JOUR DES ELECTIONS OU AILLENT PECHER A LA LIGNE… Bien joué. Réussi.

Pour l’instant tout va bien, outre-Rhin, tout le monde est toujours content, légèrement endormi. En juillet dernier, Angela Merkel a fêté ses soixante ans et, si elle n’a pas encore dépassé le record de longévité au pouvoir d’Helmut Kohl, elle a déjà doublé au poteau son prédécesseur G. Schröder, voire Willy Brandt.

Mais si un jour l’économie flanchait ?

Bulletin météo

Bulletin météo

Pour commencer ce blog, la météo de part et d’autre du Rhin s’impose. Depuis un mois en effet, ici et là, tout un chacun se lamente et désespère. Or, en cette 24ème semaine de l’an de grâce 2013, il semblerait que, faisant fi des frontières, un anticyclone longtemps attendu veuille bien avoir pitié de nous tous. Pour une semaine du moins.
En Allemagne, quand on parle du mauvais temps en « été », invariablement fuse la réplique suivante : « Ach, der Deutsche Sommer ». Entendez, l’été mis en vers par Heinrich Heine (1797 – 1856) qui un temps affirma:  »
„Unser deutscher Sommer ist nur ein grün angestrichener Winter.“ (l’été allemand n’est qu’un hiver peint en vert). Charmant. Non mais vraiment. On peut se dire que tout cela n’est qu’une question de posture. Mais, même en adoptant la dite posture, de fait, on ne s’y fait jamais. Mai : Il pleut. Juin: il pleut. Juillet : il pleut. Mais il est vrai que c’est vert.
En France, en ce moment, cela n’est guère mieux, et la semaine dernière nous n’en pouvions plus de rire en lisant un article de Nicolas Delesalle, qui, dans Télérama, rendait un hommage appuyé à Jacques Kessler, « présentateur météo » de France Inter, qu’il priait de rester plutôt que de partir à la retraite : « Vous rendez-vous compte qu’au nord de la Loire, les gens éclatent en sanglots quand on prononce le mot terrasse? ».
Les Allemands ne comprendront peut-être pas. « Normalement » en effet, en deça de la Loire, il fait beau en France.