Réjouis-toi mon âme, réjouis-toi mon coeur

Pour faire le trajet entre Francfort et Leipzig située dans le Land de Saxe à l’est de l’Allemagne, vous avez besoin en train à grande de vitesse et sans changement de 3 heures environ. Une durée idéale pour se plonger, une tasse de café à vos côtés, dans je ne sais quel dossier ou livre demandant une concentration prolongée. La semaine dernière, c’est ce que nous comptions faire mais n’avons pas fait.

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Avec en tête les étapes à venir, à savoir les villes à traverser qui toutes nous ramenaient sans cesse sur le parcours de vie du grand Bach (Johann-Sebastian), de Eisenach où il naquit (1685) à Leipzig donc où il vécut de 1723 à sa mort (1750) en passant par Erfurt non loin d’Arnstadt, irrésistiblement on se laissa aller à rêver, regardant défiler à travers la vitre ces paysages campagnards allemands qui a chaque fois nous émeuvent profondément. Comme si bien qu’étrangers ils nous étaient aussi familiers.

Ja, ich komme und erquicke

A la gare de Francfort, le panneau indique comme première destination : Fulda. On n’y prête cependant pas attention, car Fulda, dans notre souvenir, c’est certes le siège de la conférence épiscopale allemande, dans son ensemble souvent progressiste, mais aussi et de par son évêché, la forteresse certaine d’un catholicisme des plus réactionnaire et qui donne quelques frissons dans le dos.

Lentement cependant, plus on s’éloigne de la banlieue francfortoise et s’enfonce dans la vallée d’une petite rivière dite Kinzig, la nature exerce son pouvoir enchanteur. Partout à l’horizon des collines boisées aux verts profonds, avec, entre deux vallons, des bourgs lovés et leurs toits de briques brunes d’où seule émerge la flèche de l’église.

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Au premier plan, les pentes douces sont découpées en une succession de prés-carrés dont la palette de couleurs fait alterner le vert amande des prairies avec celui plus sombre de quelques champs de luzerne déjà fauchés ou encore jaune tendre des blés et enfin éclatant des colzas. Tout cela respire la quiétude même (ou son illusion) et quand on en vient à passer, après Fulda, devant une ferme à colombages entourée de ses communs et posée, là, comme ça, au bord de l’eau, dans sa plus simple authenticité, on lâche prise. Sommes-nous dans la petite suisse normande ? Ou peut-être dans la vallée de l’Oreuse, ou bien encore en dessous du Morvan ? Non. Nous sommes en Hesse.

Deine Seele, die soll leben

Le train poursuit sa route et pour atteindre Eisenach, aux portes de la Thuringe, il doit contourner la chaine du Höhn par le haut, puis la fameuse « forêt de Thuringe » justement, « coeur vert de l’Allemagne », à la pointe nord de laquelle veille en surplombant la ville natale de Bach, la non moins célèbre « Wartburg » où Martin Luther se réfugia un temps et où il traduisit les ancien et nouveau testaments en allemand (1521 – 1522).

Et là, à pas moins de 200 kms à l’heure, tout à coup, au sortir de nos petites vallées, non pas encaissées, mais vallées tout de même, c’est dans le bassin de Thuringe que nous déboulons. Bassin, plaine ?  Que disons nous ? C’est la mer !

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A perte de vue, d’immenses champs qui dans leur quasi-totalité sont dédiés à la culture céréalière. Ici, et à partir de maintenant jusqu’à Leipzig, plus de 60% de l’espace est en effet consacré à l’agriculture intensive. On se croirait en Beauce ! Ou peut-être en Bourgogne, sur la route qui mène vers le sud et traverse des kilomètres durant des espaces presque parfaitement vides. Là-bas, au loin, n’est-ce pas Châteauneuf en Auxois ? Non, mais c’est peut-être la Veste-Wachsenburg. D’aucuns peuvent trouver ces vastes étendues ennuyantes, pour d’autres c’est la paix incarnée.

Le soleil ne se lève ni se couche, il est plutôt au quart de son parcours après son zénith. Le ciel est parfaitement bleu et je sais que légèrement plus bas, la vieille ville d’Arsntadt où Bach commença sa carrière et peut-être rencontra Maria-Barbara, flotte au milieu d’un océan de blés mûrs.

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Lentement, nous arrivons à Leipzig. Ville s’il en est du grand Kantor, mais aussi de Schumann et Liszt.

Le lendemain, cela en est fini de l’été. Il pleut et fait froid. A 15 heures, il serait possible d’aller écouter une cantate (peut-être la BMW 21) à la Thomaskirche, mais les averses nous chassent. Cet été, pas moins de 80 000 visiteurs sont attendus pour la traditionnelle Bachfest. L’année prochaine, elle sera consacrée à Bach, musicien de cour. L’occasion peut-être de prendre le train et d’aller découvrir Köthen cette fois.

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Prosper ade!

Etait-ce une coïncidence ? Il y a quinze jours, un samedi, nous étions dans la Ruhr, au nord-est de Cologne et Düsseldorf, pour rendre visite à une connaissance. Et « visiter » nos morts comme on dit. Pas de quoi en théorie, piquer un gros coup de déprime. Les vivants sont vivants. Dieu soit loué. Et les « morts » sont en paix.

Il faisait beau, le soleil brillait, le ciel était azur, et nous réjouissions de nous retrouver dans le jardin clôt et parfaitement enchanté de notre amie. Par la presse, on avait bien enregistré que le « count down » s’accélérait s’agissant de la fermeture d’une des deux dernières mines d’Allemagne. Dans six mois effectivement, cela en serait fait de « Prosper Haniel », le tout dernier puits en activité de cette Lorraine allemande, quand la « mine » depuis plus de 400 ans, et à vitesse grand V avec l’industrialisation de la fin du XIXème siècle, a marqué le territoire de la Ruhr, sa population, son histoire et son identité profonde.

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Depuis 1860, ce sont ainsi plus de 300 millions de tonnes de charbon qui ont été extraites des quelques 300 puits qu’a compté un jour le « Pot » comme on appelle là-bas affectueusement la région. Mais depuis longtemps, Kohl à vrai dire (Helmut, pas le charbon) il a été décidé qu’un jour, l’Etat fédéral cesserait de subventionner cette activité historique, certes, mais qui coûte bien plus cher que le charbon chinois.

Sur les ondes et dans les journaux cependant, cette fermeture donnait plutôt lieu à un feu d’artifice de reportages en tout genre, de compte rendu des « events » programmés à cet effet dans plus de 22 villes et 55 lieux de mémoire. Ambiance nostalgie mais aussi festive. Pour rendre hommage à cette région nourricière de l’Allemagne. Sans qui, aucune autre industrie, la puissance allemande en somme (Krupp, Thyssen, Bayer & Co) n’aurait jamais existé. Et n’existerait toujours pas, sachant que l’électricité en Allemagne… c’est encore le charbon.

Et pour contrer le sort.

Le sort, n’a pas été vaincu cependant. La fermeture de ce dernier puits, qui cette année encore emploie 2000 personnes, dont certains descendent, jour après jour, à moins mille mètres de profondeur et par 40° de chaleur ambiante, marque en effet non pas la fin d’une histoire. Mais une étape, qui, malheureusement, ressemble à celle d’une lente descente aux enfers, du moins vers une désolation certaine qui pour l’heure ne semble pas encore avoir de fin. Au contraire.

Quand nous arrivons, il n’est que 14 heures, mais dans la rue principale de cette petite ville, que nous avons connue, oui, animée et vivante à sa manière, tous les magasins, oui, tous les magasins sont absolument fermés.

Certes, nous sommes en Allemagne, et il est encore courant qu’en dehors des centres-villes, ou de la « vieille ville », effectivement, les boutiques ferment tôt le week-end, mais à cette échelle là et ici, c’est du jamais vu. Fantômatique.

On se croirait dans un village perdu de France ou d’Italie, en plein midi et canicule, quand même de rares chats hâves n’osent pas sortir de leur abri ombragé.

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Mais nous sommes dans un arrondissement de 9 000 habitants et une ville de près de 120 000 habitants !!!! Qu’est-ce qui se passe ?

La visite du cimetière produit le même choc. La même hébétude. Certes, nous n’y sommes pas venus depuis longtemps, mais… où sont-ils donc tous passés ? Dans notre allée, et celles d’à côté, la moitié des pierres tombales ont disparu. Ici, c’est clair, il n’y a pas de concessions à perpétuité, mais pourquoi cette hécatombe subite ? Toutes les travées sont clairsemées maintenant, et ce n’est pas demain la veille qu’elles seront ré-habitées, car… les emplacements coûtent tout simplement trop chers pour… ceux qui restent dans ce pays en mal de reconversion.

Et la voilà la Ruhr qui me saute à la figure. La génération de la guerre, celle des reconstructeurs de l’après-guerre, des « trente glorieuses » allemandes, celle qui retroussait ses manches, fermait les yeux, ne se posait pas trop de questions (il fallait survivre après la catastrophe) s’en est allée.

Et les enfants de cette classe moyenne glorieuse des années 80 et 90, sont partis aussi. Trop moche, trop sale, trop étroit, trop « prol ». D’où l’abandon des tombes.

Ne reste plus que les « encore vieux mais pas morts » (35% de la population) et les « immigrés », entendez en Allemagne, tout ceux qui sont là pour partie depuis des générations, mais qui en vertu du droit du sol, restent « étrangers » et représentent dans la Ruhr 25% de la population (polonais, turcs et syriens). Dans la Ruhr, ils sont cependant bien « allemands » les polonais et turcs. Et c’est tout le charme de la mixité sociale de ce paysage que de « produire » des gens tolérants, pragmatiques, pas pimbêches mais généreux, car « on sait ce que c’est de devoir travailler ».

Mais « bonne » (mauvaise) nouvelle : d’ici 2030, la population totale aura diminué de 10%, le taux de mortalité étant le double de celui de la natalité.

Il y a encore 100 ans, c’était totalement l’inverse. La population doublant régulièrement en l’espace de 20 ans.

Il est tard, je dois rentrer. Mais le RER ne fonctionne pas aujourd’hui.

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Il faut attendre un bus. Qui me conduira à une gare centrale de bus en « centre-ville ». Où je pourrais prendre un autre bus. Pour rejoindre une gare qui fonctionne. Et retourner à Cologne.

A la gare centrale de bus en « centre-ville », je suis prise d’un accès de déprime.

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Personne en vue. Sauf des personnes très âgées et des pauvres, pour certains très éméchés. Même le Mac Do est fermé. Prosper ade.

 

Milou en mai

On s’était décidée de partir à Paris la semaine d’avant sur un coup de tête. Pour prendre le large et respirer. Au téléphone, notre correspondante nous avait pourtant dit : « Mais il y a les grèves. Cette semaine, les camionneurs s’y sont mis aussi et les rayons des supérettes sont vides, les marchés ont été annulés ! ». Qu’à cela ne tienne, le besoin étant vital, ce n’était pas les grèves qui allaient nous arrêter et encore moins la SNCF. Nous voilà donc partie. Arrêt en ce lundi 7 mai 2018 sur un pays de cocagne.

Acte 1, vendredi : la SNCF donc

Effectivement, et les français le savent (!) celle-ci fait grève. Perlée la maline. Deux jours sur cinq, jours fériés inclus. C’est très efficace. Impossible à la date souhaitée de QUITTER l’Allemagne et d’ENTRER en France ! L’hexagone semble être un pays aux portes fermées, ce qui à l’heure d’Internet & Co, de l’Euro et je ne sais quoi encore, ne manque pas d’originalité. Quelque peu surréaliste sans compter qu’Air France aussi est de la partie. Heureusement, il y a encore blablacar pour éventuellement palabrer sur la situation et franchir allègrement les frontières.

Sur l’autoroute de l’Est, absolument vide la nuit, en pleine Meurthe et Meuse où défilent les souvenirs de 14-18, sa voie sacrée et le « ils ne passeront pas » de Verdun (si!), des panneaux lumineux nous rappellent à kilomètres espacés : « grèveco-voit.jpgs : pensez covoiturage ». Ah bein, c’est gentil de penser à nous et de nous refiler le truc surtout quand on sait que la SNCF est majoritaire dans le capital de… blablacar. Il parait même qu’en compensation des trains annulés, elle octroie des bons d’achat sur de ladite plateforme. En France on est solidaire il ne faut pas l’oublier.

Sur la banquette arrière, deux jeunes américaines lisent, somnolent et, à l’approche de Paris se réjouissent de plus en plus de cette folle aventure : « It’s so french » !

Acte 2, samedi : les manifs

Toujours insouciante et mal informée, on a donné RDV à une amie vers 15 h 30 Place des Vosges. Celle-ci cependant, ne cesse de nous envoyer des sms.

« Mais il faut que je regarde s’il y a des RER » (ah oui, c’est vrai). « Mais il y a la fête à Macron » (ah oui, c’est…). « Mais ils défilent de l’Opéra à Bastille » (ah oui…). « La place des Vosges, ce n’est peut-être pas une bonne idée » (ah…)

Va pour Beaubourg.

Pour notre part, comme on l’a prévu et que rien ne nous en détournera, on descend quand même à Bastille.

Rien à signaler.

Il fait un temps magnifique et les parisiens, décontractés, sont en goguette. Le boulevard Beaumarchais et la rue de Bretagne fourmillent de monde. Le soleil chauffe, voire tape et les terrasses sont toutes emplies de personnes débonnaires qui profitent de cette arrivée impromptue de l’été en savourant croque et vin blanc. Soudain, à l’approche de la rue Réaumur, un barrage policier.

Oh là là. Ils semblent avoir sorti l’artillerie lourde. CRS en veux-tu en voilà. Casques, boucliers au poing, matraques à la hanche. A ma droite, une rue qui mène

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dans le Marais a été bouclée par des panneaux mobiles en fer de 2 mètres de haut. Ça n’a pas l’air de rigoler.

Dans la rue Réaumur, quelques manifestants défilent sur fond de

« Stop Macron »; « Non à la casse sociale »

Sur un « char » et à travers un mégaphone, quelques enragés scandent sur un rythme ternaire :

Melanchon

A la place

De Macron.

En voilà une idée ! Jean-Luc à la tête de la 5ème puissance mondiale cela ferait redémarrer les exportations, c’est sûr. Manque à gagner depuis un mois déjà : dans les 4 milliards d’euros. Pas de quoi fouetter un chat, surtout quand c’est prévu de part et d’autre pour durer jusqu’à fin juin minimum…

D’ailleurs, tout cela reste très épars et bon enfant.

Pas de black blocks en vue, mais des… CRS. Beaucoup. Lunettes noires et visages fermés.

Plus j’avance à rebours rue Réaumur, plus je confirme qu’ils ont entièrement bouclé, grillagé le Marais. La foule de manifestants, elle, grossit aussi, pour atteindre, selon les organisateurs, 40 000 participants. Bientôt arrive la CGT. Drapeau au vent. Vais-je aussi entendre l’Internationale ?

Peu importe, dans les rues adjacentes, d’autres parisiens continuent, comme si de rien n’était, à savourer le soleil et leur déjeuner à des terrasses de cafés.

Un CRS posté souffle à son voisin : « on ne va pas peut être pas s’exciter pour rien ».

Macron quoi qu’il en soit, est en nouvelle Calédonie.

Acte 3, dimanche : comme un dimanche

Ce matin, Paris s’est éveillé pas du tout sonné.

La veille, on avait bien repéré quelques cageots abandonnés sur un bord de trottoir. Mais cela n’était qu’un évènement fortuit.

Ce matin, à l’aube, les éboueurs sont bien passés et ont même vidé les poubelles publiques.

Les boulangers ont boulangé.

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Les cafés ont lavé leurs glaces.

Les kiosquiers étalé leurs journaux.

De chienlit, pas de lie.

Seule la radio égrène les catastrophes en cours ou à venir. Côte de confiance du chef d’état, point sur la guerre d’usure engagée avec les syndicats, le calendrier des grèves diverses, prochains rdv sociaux…

Au métro Charonne, sous la plaque commémorative du 8 février 62 et à cinquante mètres de la Belle équipe, les terrasses sont de nouveau remplies. Pour le petit déjeuner cette fois.

Même nonchalance quelques heures plus tard aux abords de la bibliothèque F. Mitterrand où seuls de nombreux étudiants paraissent vouloir rester actifs tandis la plupart de leurs concitoyens farnientent au soleil.

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Les banlieusards sont restés chez eux semble-t-il et se reposent, bien que les trains roulent aujourd’hui dimanche.

Ils ont de la chance d’ailleurs, car demain lundi ils rouleront aussi. Mais pas mardi, ni mercredi, mais jeudi oui.  Qu’est-ce que cela peut bien faire pour finir, sachant que mardi et jeudi sont des jours fériés. Tant qu’il fait beau, autant pêcher des écrevisses.

Sûr que cela ne laissera pas d’étonner les étrangers. Mais que voulez-vous. Le mauvais temps reviendra bien assez vite. Lundi en huit ?

Histoire de « Genres » quand tu nous tiens.

L’autre jour, devant les commerces aménagés et organisés d’une zone résidentielle, sur le parking, « l’aire de stationnement autorisé » mais limité à quelques heures, le temps de faire ses courses.

Nous sommes un samedi. Il n’est pas tard. Onze heures du matin. L’heure idéale cependant pour tout policier qui, en manque d’amendes, cherche à remplir son quota.

En face, un gros break noir rutilant. Façon « char d’assaut » urbain contemporain. Vitres noir fumées. Chromes éclatants. A moins que cela ne soit un quatre-quatre. Dans cette zone résidentielle, naturellement, cela ne sert strictement à rien. A ce que l’on sache, toutes les rues sont goudronnées. Il n’y a strictement aucun chemin pierreux en vue. Ni de nature incontrôlée, de sommets inatteignables à atteindre. Mais des « 4×4 », si, il y en a à foison.

Une femme d’un âge raisonnable (disons la cinquantaine), bien mise sur elle mais pas trop (vintage, bobo cool quoi), prend en photo SA voiture. Le break noir rutilant en somme. Et le PV qui trône sur son pare brise.

Elle est choquée.

Elle sort de chez le dentiste ou de la droguerie, ou du magasin bio. Peu importe. Elle n’a DANS LES FAITS pas dépassé sa limite de temps autorisé.

Elle est énervée car cela va lui en coûter 60 euros.

Elle ne comprend pas.

Donc elle prend tout en photo.

Le parking.

Sa voiture.

Le PV.

Dans les environs, tout à coup apparait le policier.

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Il est en vadrouille, mais en costume civil. Avec sa veste sans manche Décathlon et son enregistreur électronique en bandoulière, il vaque. Seule la voiture garée un peu plus loin, signale qu’il est de la police.
Elle l’apostrophe. Lui demande des explications.
Elle essaie de rester sobre et factuelle.
Lui, lui parle de disque bleu. Ou quelque chose du genre.
La titille un peu. Fait comme s’il ne comprenait pas les infos factuelles qu’elle lui délivre. Comme si de rien n’était.
Évidemment, elle s’énerve.
Fatale erreur.
Il en profite.
Embraie directement sur « son ton », sur « on ne peut pas vous parler » sur, genre, « outrage à un agent sur la voie publique » (elle n’a strictement rien dit. Voudrait juste savoir ce qui justifie le PV).
Il s’en va sur la place en disant tout haut à qui veut bien l’entendre : « ah, ces femmes hystériques, qui ne savent pas mener une conversation ».
Ah non mais.
Femme ou pas France ou Allemagne, il faut toujours faire attention avec les « forces de l’ordre ». Elles sont entraînés à provoquer pour après vous mettre en tort. C’est INTERNATIONAL quoi !!!!.
Pourtant, en Allemagne, généralement, les policiers sont « vos amis ».

Le bonheur est dans le pré ?

Comme toujours quand notre petit cerveau fait preuve de surcharge cognitive, l’appel du large nous prend, soit en ce qui nous concerne, l’envie irrépressible de revoir sur le champ et dans des champs… des vaches. De rester quelques instants à côtés de ces sociables et placides bovidés pour les regarder ruminer en toute imperturbabilité. Et profiter alors de l’effet apaisant que produit ce mâchement incessant. Aussi, quel ne fut pas notre plaisir, quand en ouvrant le journal avant-hier on découvrit l’affiche du salon de l’agriculture qui se tient depuis le 25 février à Paris.

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Voilà. C’était ça qu’il nous fallait. Une « Fine ». Cette « bretonne Pie-Noir », nouvelle « égérie* » de l’édition 2017 de la célèbre manifestation de la Porte de Versailles, qui grâce au « capital de sympathie » qu’elle éveille immanquablement auprès du public, doit y attirer cette année on l’espère plus de 600 000 visiteurs (et quelques présidentiables). L’idylle quoi !

Alors qu’en esprit on commençait à batifoler dans les près du Limousin, de la Creuse, Nièvre, du Cantal, du Jura et autres belles prairies de France, avec, en arrière pensée, il faut bien le dire aussi, l’idée d’une bonne entrecôte grillée avec du gros sel dans notre assiette… on se mit à surfer, la conscience un peu titillée par d’autres faits récents. D’autant que parallèlement, l’hebdomadaire allemand Der Spiegel, annonçait, lui, en Une ceci : Remords ? Quelle viande ? Combien de viande ? De la viande artificielle ?

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Du coup, ce que l’on savait déjà mais avait voulu oublier s’est effectivement rappelé à notre conscience. Car de facto, l’agriculture et la filière viande se trouvent aujourd’hui dans une situation totalement schizophrénique qui n’a rien du paradis sur terre. De part et d’autre du Rhin, le bonheur n’est pas vraiment dans le pré.

  • Alors que d’un côté, les consommateurs rechignent à payer « trop » cher leur « bifsteck » et leur lait, d’un autre côté ils dénoncent toujours plus (et c’est tant mieux) les conditions souvent peu reluisantes de l’élevage et surtout de l’abattage de nos très chères bêtes (« Fine » donc). Les vidéos prises entre autre par l’association L214 pour dénoncer certaines pratiques odieuses de cette « industrie alimentaire » ne sont pas supportables. Donc on ne les regarde pas. Mais alors quoi ?
  • Par ailleurs, pris en étau entre la PAC, ses normes de qualité extrêmes, les subventions qui parfois arrivent en retard/ou pas et la pression de la grande distribution, les éleveurs français sont au bord de la misère. Même si on connait les chiffres, ceux-ci sont tout bonnement effrayants et il est bon d’en rappeler quelques-uns. Ainsi, en 2016, plus de 50% des agriculteurs français gagnaient 350 Euros par mois (contre 20% en 2014). C’est terrifiant. Dit autrement : en 2015, le revenu moyen d’un agriculteur était de 25 400 euros par an. Et encore, seules étaient alors décomptées les deux tiers d’exploitations dont le revenu dépassait… justement les 25 000 euros.
  • Parmi les plus pauvres des plus pauvres, les moins bien lotis étaient alors les éleveurs laitiers qui ont vu en 2015 leurs revenus diminuer de près de 30%, suivis de près par les éleveurs porcins. Sur le marché de gros, le kilo de cochon c’est 1,4 euros !!!!! On croit rêver !
  • L’horreur noire en somme qui explique le taux de suicide dans la profession. En 2007/2009, un agriculteur se suicidait tous les deux jours dans l’hexagone. Le chiffre total s’élevant alors à 161 pour la période. En 2010/2011, 300 agriculteurs se sont suicidés. Un par jour en 2016?
  • Alors, qu’est-ce qu’on fait de « Fine » ????
  • Ce monde est vaguement déréglé, parce que parallèlement donc, et comme l’explique le Spiegel, à l’échelle mondiale et au rythme où va l’augmentation de la population, en 2050, il faudrait 3 planètes pour assurer la production de viande nécessaire à l’alimentation des 9,7 milliards d’êtres humains de la terre. Actuellement, 70% des surfaces agricoles mondiales seraient consacrées à l’élevage, alors que celui-ci est responsable de près de 20% des émissions de gaz à effet de serre et bien plus dommageable que toute la circulation automobile et aérienne prise dans son ensemble (source ONU). Cela paraît fou, mais semble être ainsi.

Bref. Pour sauver « Fine », que l’on n’a pas envie de voire disparaître, à cause de sa belle robe, et de son flegme masticatoire apaisant, il faudrait ne plus manger que de la volaille et du porc (mais leurs conditions de « vie » ne sont pas franchement meilleures) et accepter de payer 40% plus cher la viande de bœuf. Soit, basculer entre autre vers des circuits de vente court (coopératives de producteurs / consommateurs). Ou manger des « faux steaks » donc. Faits à partir de protéines végétales auxquelles on aurait ajouté un colorant rouge pour faire plus vrai.

Tout ça, n’arrange pas nos neurones. Espérant alors que « Fine » aura eu le mérite d’attirer sur elle l’attention des « présidentiables » et qu’ils ne se seront pas déplacés que pour faire… leur propre campagne. En France, 35% des agriculteurs se disent prêts à voter Marine.

* Celle de Chanel étant en ce moment Lily-Rose Depp

Ich habe einen Freund, der ist Hausmeister (und Türke)

Pour qui a eu des enfants outre-Rhin, impossible de ne pas connaître les mini-livres de cinq centimètres sur cinq, dits du nom d’un de leur éditeur « Pixi Bücher » et dont une série s’appelle « Ich habe einen Freund, der ist…. ». Comprenez, « J’ai un ami, il est… médecin ! » ou « vétérinaire ! » ou « pompier ! » ou « éboueur! ». .. Ces mini-livres, font en effet longtemps la joie des tout petits et des plus grands, tant ils permettent de découvrir des aspects très pratiques, concrets et socialement extrêmement positifs de multiples métiers. Ainsi que des mots incroyables à rallonge comme seuls sont capables d’en produire les allemands. Exemple : «Rindfleischetikettierungsüberwachungsaufgabenübertragungsgesetz» (laissez tomber).

Et bien moi, j’ai un ami à Francfort qui est concierge et turc. Et c’est vraiment mon ami.

L’autre jour, je fumais à ma fenêtre, chassant de temps en temps et de l’autre main une des palmes d’un arbuste qui s’épanouit toujours plus depuis des mois et commence à obstruer dangereusement ma vue même si j’adore l’arc d’un vert translucide qu’il dessine à mon horizon. Je l’aime bien mon « palmier » (de la glycine il semble). Mais quand même, il est de plus en plus envahissant. Très envahissant.

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Que faire sachant qu’en Allemagne il est absolument interdit de toucher à un arbre, que dis-je une branche, que dis-je une feuille, sans quoi vous risquez d’avoir tout le voisinage, le quartier, le « Ordnungsamt », les pompiers et pour finir la police sur le dos ? Qu’importe si durant une tempête, les arbres jamais élagués font trois morts dans la même rue en moins d’une minute, l’essentiel étant qu’ils restent dans leur état de pure nature.

C’est absurde naturellement, mais l’alternative c’est ça, et là, il n’y a rien à faire :

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La semaine précédente, les feuilles commençant à jaunir MAIS étant à portée de la main, on avait donc testé en douce et dans la pure clandestinité, leur résistance à la pression du pouce. AUCUNE. Très bien, nous étions-nous dit. Dans huit jours, on avait l’intention de vérifier, toujours dans la plus pure discrétion, la pression du pouce sur la BRANCHE.

Pas eu le temps.

Alors que je fumais, mon concierge, turc, est apparu avec son balai. Echanges de politesses. On se comprend. On est étranger. De fait, on a parlé essentiellement « cigarettes ». Comme quoi c’était mauvais pour la santé (clair). Et puis, de but en blanc, il m’a dit : « elle vous gêne la glycine ? ». J’ai répondu : « non, elle est très jolie, mais elle s’épanouit rapidement ces derniers temps et prend de plus en plus de place. Je crois qu’il faudrait (conditionnel) couper une ou deux branches ».

En moins de deux, c’était fait.

Je n’avais pas eu le temps d’aspirer une dernière bouffée, que le balai de mon concierge avait effectué son grand œuvre. Plus de branche tertiaire, secondaire ou primaire. « Alles weg ».

Du côté de mon mur mitoyen, il ne restait plus rien. STRICTEMENT RIEN.

« Il faut qu’elle pousse chez le voisin » conclut alors mon ami, en rabaissant son balai. Concierge, turc, à Francfort.

Oies sauvages cacardant

Hier. Vers onze heures trente. Changement d’heure oblige, nous avions dormi une heure de plus et vaquions à diverses activités avant de lancer vraiment la journée. L’une était occupée à faire des devoirs, l’autre à regarder des vidéos sur You tube, la dernière à payer ses factures ( !). En cet avant dernier jour du mois d’octobre, le soleil brillait sur les feuilles rousses renvoyant une luminosité intense, et le ciel était absolument transparent.

Tout à coup, on entendit des bruits de basse-cour étranges.

Ça piaillait, jacassait, grisollait, croulait, margotait, cancanait, nasillait, chuintait, craquetait, craillait… bref, faisait un boucan d’enfer totalement étranger à nos us et coutumes citadins. Des sonorités si étranges que l’on se précipita à la fenêtre. Et là, quelle fut notre surprise.

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Au dessus de Cologne, agglomération et 4ème métropole d’Allemagne décomptant plus d’un million d’habitants et encore quelques industries bien polluantes, pas moins de 5 à 6 grands « V » d’oies sauvages, traversaient le ciel en cacardant pour aller rejoindre leurs terre d’hibernation : l’Afrique sans doute. L’été – si prolongé cette année – était bel et bien fini. Mais nous en avions profité à satiété. Et c’était « Wunderschön », d’être rappelé ainsi à sa plus simple nature !

Fatale erreur.

Encore tout enthousiaste de ce phénomène naturel, le soir, nous nous sommes précipitée sur Internet pour voir si l’on parlait déjà de la grande et merveilleuse migration des oies sauvages, nous rappelant le rythme éternel des saisons (et par la même les enjeux du réchauffement climatique) !

Que nenni !

De fait, il semblerait que ces oies sauvages, ne migrent pas du tout vers l’Afrique (oh méconnaissance, oh naïveté !), mais au contraire, venant de Sibérie, des régions polaires, s’installent en hiver dans des contrées plus accueillantes, à savoir… les rives du Rhin en pleine Europe centrale.

Entre Duisburg (porte de la Ruhr et du Rhin) et la Hollande, on en compterait ainsi pas moins de 180 000 par hiver…. Ce qui n’est pas pour plaire à tout le monde et voire a donné naissance, au niveau régional, à une cellule de crise dite «Gänsemanagement ».

Une oie, c’est bien en effet, près de 200 000 moins, si l’on s’en tient à leurs déjections quotidiennes.

Et de nouveau, nous voici désenchantée.

A partir de demain, je combats le vol d’oies sauvages. En Allemagne ou ailleurs.

On peut se détendre partout.

Il y a quinze jours, lors des vacances de printemps allemandes (si, si), il faisait gris, pluvieux et froid dans la Hollande voisine.

Les astres en avaient décidé ainsi qui, cette année, avaient avancé à la mi-mars les fêtes pascales et leurs quelques jours de congés affiliés.

Contrairement aux années passées, le soleil se faisait désirer, et, dans les vastes champs de notre presqu’île de Goeree-Overflakkee, au sud de Rotterdam, aucune tulipe n’était en vue. Restaient des prairies, des champs de terre brune retournée et des fagnes marécageuses avec leurs compagnies de canards et oies sauvages.

Dans notre petite hutte, le réseau ne voulait décidément pas fonctionner et, après avoir ragé de ne pouvoir avoir accès aux actualités des attentats belges ou de ne pas pouvoir prendre un bain de soleil printanier frais sur la terrasse, nous avons décidé d’aller faire un tour.

Pas loin.

A quelques encablures de là, tout à coup, le vent s’est mis à balayer le ciel et le soleil a percé la chape nuageuse. Un abribus proposant un siège, vite on a profité de l’aubaine.

La vue n’avait rien d’extraordinaire et comme le prouve la photo ci-dessous, n’égalait même pas un de ces lieux hors réalité comme a le don d’en prendre Raymond Depardon lors de ses road movies à travers le monde. Mais l’essentiel était de profiter de la chaleur subite et bienfaisante.

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Vite vite, on sort son portable, vite vite on branche les écouteurs, espérant qu’ils fonctionnent, clique sur « musique » et « start ».

Et là, le bonheur.

Si vous ne voulez pas voir la photo, fermez les yeux et imaginez-vous devant un grand feu de cheminée flamboyant ou où il vous plaira. Et laissez-vous porter par le grand Bach.

Kölle Alaaf : Dieser Automat ist ausser Betrieb….Ce distributeur est hors service…

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Comme chacun sait, Carnaval, c’est le week-end prochain. Comme chacun le sait également : Cologne est, outre-Rhin, la capitale incontestée du « Karneval ». Dès le 11 novembre de chaque année en effet, à 11 heures 11 très précisément (pendant que les Français fêtent l’armistice de la guerre 14-18), une grande partie des habitants de cette ville rhénane catholique « rigolarde » (mais qui fut annexée par le Royaume de Prusse – protestant, pas rigolo donc – au XIXème siècle), se prépare par le biais de centaines d’associations à fêter quelques mois plus tard le solstice de mars.

Soit à persifler les mêmes prussiens, leur militarisme, leur sens de « l’ordre », de la rigueur, de la discipline… mais aussi feu Napoléon 1er, qui avec ses grognards ne fit pas mieux pendant l’occupation française de la ville vers 1800.

Sur cette base, Carnaval à Cologne, c’est alors 5 jours de fête pour sortir de l’hiver (yé), 2 millions de visiteurs pour le « Rosenmontag » (le lundi des roses avant le mercredi des cendres soit le début du carême), des millions de bonbons jetés sur les carnavalistes etc…

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Pour autant, à Cologne, Carnaval, c’est quasi au quotidien, et ces derniers temps cela commence à faire beaucoup.

Prenons par exemple, le « cas » de la KVB, entendez, le réseau de transport public qui, grâce à ses bus, trams et autres RER, est sensé desservir la ville et ses alentours. Alors, la KVB est une des rares entreprises que nous connaissons à… ne pas fonctionner du tout. Ou rarement. Ainsi, il est usuel – disons, plus que courant, voire normal en quelque sorte – qu’à chaque fois que vous empruntiez un de ses véhicules et vous dirigiez vers son distributeur automatique pour faire votre devoir et acheter un billet, celui-ci annonce « Dieser Automat ist ausser Betrieb » (ce distributeur est hors service)… Bon. En fait, vous n’êtes pas trop mécontent du tout, car cela vous évite de payer un trajet.

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Quelques stations plus loin cependant, vous prenez une correspondance, et là, toujours pénétré d’un sens du devoir civique absolu, vous vous dirigez également vers le distributeur automatique qui vous annonce…. : « Dieser Automat ist ausser Betrieb ».

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Non, mais c’est comme ça. Tous les jours, qu’il pleuve, vente ou neige. Peu importe la ligne.

Par exemple, la toute nouvelle « Ligne 17 », ouverte il y a peu en grande pompe et couvrant EXACTEMENT 5 stations. Utilité ? Personne ne le sait exactement. De mauvaises langues dans les quartiers concernés affirment que « cette ligne porte le numéro du nombre de passagers qu’elle transporte par jour ». Et de s’esclaffer. Ah, Ah, Ah. A Cologne on aime rigoler, surtout quand on sait que la dite ligne n’a de fait été ouverte que pour compenser celle qui ne verra pas le jour avant 2023 (oui, vous avez bien lu 2023) car entre temps, comme les matériaux de construction utilisés n’étaient pas aux normes, un de ses tunnels s’est effondré, emportant avec lui les archives municipales (Cologne est une vieille ville romaine et médiévale) et… faisant 2 morts.

Ce n’est pas grave, ça roule quand même, sans distributeurs, mais avec quelques contrôleurs supplémentaires, surgissant de manière inopinée pour vérifier que vous ne voyagez pas au noir (vous me suivez… c’est à cause des distributeurs….) et combler ainsi le « trou » de la KVB.

Avec un chiffre d’affaire de 254 millions d’euros en 2014, un déficit de 91 millions d’euros pour un « moins » de 71 millions d’euros de trésorerie, celle-ci consacrait quand même pas moins de 181 millions pour son personnel. Etrange manière de calculer.

Passons.

Car cela n’est pas tout. Loin s’en faut. En septembre dernier, c’était la candidate au poste de Maire qui manquait de se faire égorger par un xénophobe isolé certes, mais déchaîné. En octobre, les élections municipales étaient repoussées parce que les bulletin de vote n’étaient pas imprimés aux normes, en décembre la ré-ouverture de l’Opéra attendrait quelques années parce qu’il y avait une erreur dans les devis et le 31 décembre dernier, sur le parvis de la gare, la police complètement débordée, laissait se faire tripatouiller moultes femmes par des groupes d’immigrés éméchés.

Pour autant, l’office du tourisme de la ville, en face de la gare également, ne semble visiblement pas avoir compris, car, dans sa vitrine, il propose aux touristes carnavalistes à venir de s’offrir… un tee-shirt de la police colonaise en guise de souvenir.

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Kölle Alaaf. Parfois, trop c’est trop.

Dès mardi prochain, la presse allemande ne manquera certainement pas de tirer à boulet rouge sur « Kölle ». Parfois, on comprend. Ce sont encore les Wise Guys qui ont raison dans leur chanson.

31.12 à Cologne : Patatras

Oui, il s’est vraiment passé quelque chose de très grave à Cologne la nuit du 31 décembre dernier. Grave de par les faits en eux-mêmes. Grave pour leurs conséquences.

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Les faits en eux-mêmes : la presse française s’en est largement fait l’écho et continue à le faire. Rappelons tout de même que cette nuit là, traditionnellement fêtée en Allemagne par des lancements de pétards et des feux d’artifices « privés »,   un groupe de « 2000 nord-africains » enivrés a semé la zizanie devant la gare de Cologne, agressant massivement les femmes qui s’y trouvaient ou essayaient de passer. Sexuellement s’entend, comme c’est malheureusement souvent l’habitude sur la place Tahrir du Caire.

Pour l’heure, l’enquête avance peu, la police étant débordée comme elle le fut ce soir là, et personne n’est en mesure de dire :

  • Qui étaient vraiment ces hommes donc dits « nord-africains » ou « arabes » ? 31 suspects ont été « arrêtés », dont 18 seraient des demandeurs d’asile.
  • Comment sont-ils arrivés là ? Actuellement, les autorités outre-Rhin penchent pour une coordination sur les réseaux sociaux (d’autres villes ont aussi été « victimes »), mais rien n’est certain et on se demande aussi : pourquoi ?
  • Quel était l’intérêt de ces « jeunes hommes », visiblement tous issus d’une immigration plus ou moins récente, de se comporter EN OCCIDENT comme dans leur pays ? On ne comprend pas. Un très intéressant article de Christiane Hoffmann, responsable adjointe du bureau du Spiegel à Berlin, paru hier dans le magazine du même nom, apporte certes un éclairage intéressant sur la question (« Entre misère et machisme », pour les germanistes, suivez le lien ). Mais on ne comprend quand même pas quel était leur intérêt. Et, devenue quelque peu parano, on se prête à penser à une sorte de « 5ème colonne » organisant le tout pour semer la zizanie.
  • Les victimes bien sûr. Tous les jours, le nombre de plaintes déposées augmente. Hier 120, elles s’élèvent aujourd’hui à 379, les trois quart pour agression sexuelle. Deux plaintes pour viol attesté ont également été déposées.

Leurs conséquences :

  • dans un premier temps, il s’agit naturellement de faire avancer l’enquête et de « punir » les auteurs des faits, car il n’est évidemment pas question dans un Etat de droit que des femmes soient tripotées dans la rue, qu’on leur « caresse » l’entrejambe, les fesses, cuisses, seins et plus et je vous épargne. Mais cela va être un gros bazar. Qui sont-ils, où sont-ils, qu’ont-ils vraiment fait ? Dans quelle mesure, toutes les plaintes couvrent-elles des faits réels ou fantasmés?
  • Car évidemment cet événement ne tombe pas du tout à point nommé, soit en pleine « crise » des réfugiés, dont plus de 1,1 millions ont été accueillis par l’Allemagne en 2015.
  • Il tombe bien sûr aussi sur un fonds de xénophobie latente comme dans toute société.
  • La porte est donc ouverte à tous les amalgames, toutes les peurs.
  • Les clivages vont s’exacerber. Et cela a déjà commencé.

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Samedi à Cologne, plusieurs manifestations ont eu lieu l’une à la suite des autres ou parallèlement. Une flash mob organisé par une association de féministes, une manif de néo-nazis cachés sous la bannière de Pegida (ce mouvement anti-islam venu de l’Est) et sa contre manif, le tout étant dispersé à coup de canons à eau par la police.

Triste.

Le 30 décembre encore, à table, on disait à nos enfants combien on était touché par l’attitude des autorités allemandes et de tous les bénévoles qui depuis des mois s’activent à n’en plus pouvoir pour accueillir et gérer l’afflux des migrants du Moyen-Orient. Par le biais de la presse, d’affiches et de réunions dans les foyers d’hébergement (souvent des gymnases), ceux-là s’efforçaient en effet d’expliquer aux réfugiés comment on fête la Saint-Sylvestre en Allemagne. Qu’il ne fallait pas avoir peur des pétards et feux d’artifice, que ce n’étaient pas des bombes, des tirs de mitraillettes… et que rien ne leur arriverait. Bienveillants, les allemands engagés voulaient prévenir la réactivation de leurs traumatismes.

Le 31.12.2015, à Cologne, tout s’est cassé la figure. Patatras.