(Aparté) Femmes en Allemagne, en 2025 le progrès!

Je m’étais jurée de ne plus jamais parler des femmes en Allemagne, ce pays « leader de la discrimination féminine » en Europe il y a encore 6 ans, mais quand même, la dernière journée du 8 mars (et les évènements en cours en France) m’y oblige, même si franchement dit, sachant ce qui se passe en Iran ou en Afghanistan, mieux vaut en rire qu’en pleurer.

Alors qu’avons-nous appris le 8 mars dernier outre-Rhin qui soit digne qu’on en parle ?

Bein justement pas grand chose, si ce n’est que depuis lors, à Berlin, les femmes peuvent se baigner le torse nu dans les piscines publiques. En NRW aussi d’ailleurs, et des agents publics vérifient actuellement si la mesure est bien appliquée. Sinon et comme disaient les Poppys en 1971, « non, rien, rien a changé. Tout, tout a recommencé ».

J’exagère bien sûr. Mais juste un peu.

Depuis que mon fils est né, en 1995, naturellement beaucoup de choses ont changé (auxquelles nous n’avons jamais eu le droit, mais ça c’est une autre histoire, fermez la parenthèse) :

  • depuis 2008 et grâce à Me Von der Leyen, actuelle Présidente de la commission européenne et mère de 7 enfants, les mères peuvent prendre un congé parental de 12 mois (avec le père) payé à près de 70% du salaire initial. Un luxe de dingue, qui n’a cependant pas vraiment fait remonter la courbe démographique allemande, le taux de fécondité plafonnant outre-Rhin en 1,58 en 2021, de la faute à la pandémie expliquent les experts.
  • L’école « toute la journée » est montée en puissance (vu qu’on partait de O) et aujourd’hui, l’Allemagne peut se targuer du fait que 42% des enfants d’école primaire en profitent, 46% des enfants de collège de même. (vous remarquerez j’espère l’ironie du ton, car il va sans dire que 60% en 2023 n’en profitent pas, soit que leurs parents sont des grands bourgeois de Münich dont la mère s’occupe du « reste », ou à l’extrémité, des enfants de CSP inférieures, dont tous les immigrés, vu que naturellement, ces activités de l’après-midi sont payantes. Vous ne pensiez pas que c’était gratuit ou quoi ?).
  • C’est ce qu’on appelle le progrès.

Pour le reste, on énumérera ici:

  • Naturellement, 2/3 des mères travaillent à temps partiel
  • Il manque toujours 342.000 places de Kita.
  • 10 ans après la naissance de leur premier enfant, elles gagnent toujours 60% de moins qu’avant
  • A qualifications égales, une femme gagne naturellement 18% de moins (sur le brut. Comme en France quoi, mais attendez la suite), ce qui fait qu’elles travaillent gratuitement 66 jours par an.
  • En 2021, la retraite moyenne d’une femme était de 812 Euros par mois (en France 1200,00…. même sans la réforme des retraites actuelle). Une femme sur cinq tombant en dessous du seuil de la pauvreté (2,7 millions au total).

En 2023, comme en 2020 ou 2015, ou 2010, ou… 1995, elles font toujours 70% de ce que l’on appelle aujourd’hui si joliment le « care », le travail de « soin ». Les pères 7%.

Ce qui fait la vie quoi, le liant. L’empathie. Le service à autrui. L’amour désintéressé, le don de soi pour quelque chose d’autre etc… Ou ce qu’on pourrait, pour les esprits mal intentionnés, appeler « le travail domestique gratuit ».

Et la pandémie, n’a naturellement pas amélioré la situation, les femmes se retrouvant au front de tout : gérer l’école, les enfants (les pauvres, soit dit en passanrt). Gérer leur job (par définition pas intéressant pas important et qui de toutes façons n’est qu’une variable d’ajustement de certains allemands, même s’il rapporte de l’argent), porter toute la charge mentale, etc etc… Du coup, aujourd’hui, comme en France, on parle « High Performance Women ». Je trouve cela drôle ! Une économiste vient aussi de publier un livre au titre parlant « Sur le dos des femmes ». Excellent.

Effectivement, c’est exactement ça. Pendant longtemps j’ai été « high ». Jusqu’à en tomber par terre bien sûr et devenir la « Low Performance Woman ».

« Care » quand tu nous tiens

Pendant très exactement 15 ans (25 ans), j’ai fait tout ça.

Mais tout hein. M’occuper de mes enfants, de mon mari. Tout. Tout livré sur un plateau d’argent : Le ménage (je déteste le désordre, donc tout était toujours nickel), les machines à laver, le linge, le repassage, l’aspirateur, la serpillère, les courses, la cuisine etc… Et, bien sûr, quand même travailler à côté, prendre le train, dormir dans des hôtels pourraves, aider tout le monde, dont le « mari », financièrement parlant entre autres.

On a d’autant tout plus fait, que c’était le « trip » en Allemagne, ou du moins ce qui était (le néant des modes de garde, la… Steuerklasse 5) et ce que l’on en disait. Car les allemands sont les rois pour culpabiliser les mères. Une « bonne mère » se devant de s’occuper 24 h / 24 h de ses enfants, et ce jusqu’à un âge avancé, faute de quoi elle est traitée de « Rabenmutter »(mère corbeau), les Français parlant eux de tout le contraire soit de « mère poule », quand celle-ci ne peut pas lâcher sa progéniture.

Et ça marche bien sûr, et comment ! Nulle part en Europe, comme les journaux outre-Rhin l’écrivent sans cesse, on ne voue encore un tel culte à la « Sainte mère ». La mère sacrificielle. Cela vient du nazisme mais aussi de la bonne RFA d’après guerre (à l’Est, ils ne connaissent pas). Tellement que, naturellement…. bein, il n’y a pas plus d’enfants, malgré toutes les mesures prises donc depuis 2008. En tous les cas, pour la plupart de mes étudiantes, ça a toujours été plus ou moins « no go », ou pas pour demain quoi qu’il en soit, et à moins que le « mari gagne bien » (on est donc en 2023).

Dès 1994, tout cela me paraissait d’un autre monde, parce que j’étais née en France, étais française, venais d’un autre système mental et fiscal, etc… On a pris sur soi, par « amour pour », parce que soi-disant, c’était passager et devait s’équilibrer.

Non, cela ne s’est jamais équilibré, au contraire cela n’a fait qu’empirer.

Ma filleule m’a parlé de « Sciences Po » récemment. Je me suis demandée si elle était naïve ? Une « Sciences Po » en Allemagne, avec quelques hommes mal intentionnés, c’est bon à récurer les chiottes (je pense que plus vous avez de diplômes, plus certains ne pensent qu’à vous humilier). Et effectivement, c’est ce que j’ai fait pendant des années. Cela n’a jamais naturellement gêné personne. En tous les cas, je n’ai jamais eu strictement aucune reconnaissance pour cela. Au contraire.

Car quand j’ai voulu partir, en plus de tout le reste antérieur, qui était déjà digne de l’esclavage, cela a été le matraquage en règle. Mais bien hein ! Plus bas que bas, n’étant pas possible, ce Mr, employé de l’Eglise, allant jusqu’à demander que je renonce… à ma retraite de « mère au foyer » justement. En gros, que je lui rembourse ses propres enfants (dont une au cimetière) et toute leur petite enfance, quand lui était aux abonnés absents. Dingue non ! L’horreur noire s’il en est. Noir foncé.

Je ne suis pas la seule ceci dit : une jeune française en instance de divorce rencontrée récemment s’est étonnée que son ex ne veuille pas la lâcher et lui fasse une guerre d’usure à mort. « C’est allemand ou quoi »?

Peut-être est-ce un reste d’un certain patriarcat… ou d’un patriarcat certain. Le même qui va avec la « Sainte mère ». Je ne sais pas. J’ai mis 5 ans (que dis-je 10!) à m’en remettre en tous les cas.

Steuerklasse 5 : « bientôt » abolie

Mais l’espoir fait vivre ! Déjà, toujours depuis 2008, les femmes ont la chance, quand elles divorcent, de devoir dans les trois ans qui suivent retravailler à plein temps, faute de quoi, l’ex, est en droit de supprimer leur pension alimentaire (c’est ironique bien sûr). Il n’y a pas de Kiga ? Pas d’école toute la journée ? Pas grave : démerdez-vous cocottes ! La situation des mères divorcées s’est naturellement grandement dégradée depuis. Heureusement, moi, j’étais déjà grande quand j’ai divorcé.

Mais la grande nouveauté de ce 8 mars 2023, c’est que quelques ministres ont de nouveau parlé de leur « intention », « désir », « souhait » de supprimer la « Steuerklasse 5 ». Celle qui fait, que les femmes sont surimposées (pour le « bien de la famille ») soit en gros, charges sociales comprises, perdent jusqu’ à 70% de leur salaire brut quand elles travaillent…. à mi-temps (vu qu’il n’y a pas d’école « toute la journée »).

Car concrètement, la « Steuerklasse 5 », cela donne cela en effet :

Un plein temps de 40 heures à l’université (c’est à dire 60 heures) = 1200, 0O euros par mois.

Un mi- temps en collège/Lycée (13 heures de cours) = 750, 00 euros.

Pendant ce temps là, leur coco, pour le « bien de la famille » donc, est moins imposé, ce qui lui fait quand même autour des 400,00 euros par mois supplémentaires et des points retraite du coup bien meilleurs…

Remarquez, cela fait maintenant très exactement 28 ans que j’entends parler du « souhait » de supprimer la Steuerklasse 5.

Donc « bientôt » elle devrait abolie…. Mais pas tout de suite naturellement. On parle de 2025, soit de la prochaine législature, car bien sûr, en ce moment, le gouvernement à d’autres chats à fouetter.

Et puis, si vous supprimez la Steuerklasse 5, du coup, les femmes vont vouloir travailler…. mais, elles ne peuvent pas puisqu’il n’y a pas de modes de garde adaptés.

Donc, bein c’est pas demain la vieille, et je conseille vivement à mes filles de ne jamais se marier, juridiquement parlant, pour échapper à ce couperet fiscal d’un autre temps. Tant qu’il ne sera pas aboli. Car c’est bien connu aussi, les Allemands, aiment bien prendre leur temps avant de prendre je ne sais quelle décision, des fois qu’elle serait « hâtive ».

Pour autant, Françaises, réjouissez-vous ! Même avec la réforme des retraites en cours (si jamais elle passe !), les femmes en France, tout en ayant aussi été de nombreuses années dans le « care », ne travailleront que jusqu’à 64 ans. Ici, c’est 67, sans surcote !

Prochain numéro : La ruée vers l’Est (les relations Pologne / Allemagne).

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