Napoléon : le tyran! (1)

A tous les coups cela marche.

Quand je dis à mes étudiants et autres interlocuteurs allemands, qu’avant de franchir le Rhin, JAMAIS, ô combien JAMAIS, je n’avais entendu parler de Napoléon Bonaparte en France (Soit 30 ans durant quand même, alors qu’à la base on a étudié l’histoire), tout le monde éclate de rire !

On les comprend! Et ils ont raison!

Pour autant c’est vrai.

Bien que lectrice enchantée d’Alexandre Dumas et autre – le récit de Waterloo par Stendhal me faisant huler de rire (chacun ses trucs !)- , force est de reconnaitre que ce personnage « impérial » ne m’a strictement jamais intéressée. Du coup, même si j’ai habité le XIXème arrondissemnt de Paris pendant plus de 8 jours, jamais, sûrement jamais, je ne verrai l’Exo organisée à l’occasion du bicentenaire de sa mort à la Villette. A la périphérie de Paris.

Certainement parce que c’était un militaire justement et que franchement dit, on n’en a rien à battre de ses « campagnes » parfaitement impérialistes à la fin de son règne. D’autant, qu’elles semblaient n’avoir rien changé à la carte de l’Europe, se soldant par un retour au statut-quo de l’Ancien régime, soit la carte de France de Louis XIV (mais des millions de morts).

Bref, nul et non advenu. Puéril et inutile. On ferme les yeux et le ban. Merci la Villette.

En revanche, Napoléon l’esclavagiste, oui, ça, cela nous parlait. Car de facto, c’est bien lui qui s’attacha à réintroduire l’esclavage dans les possessions caraïbes françaises en 1802.

Napoléon : l’esclavagiste

Pour mémo : l’esclavage dans les « colonies » d’outre-mer (Caraïbes + Réunion), avait été aboli en 1794, soit 5 ans après la déclaration des « Droits de l’homme » (on vous laisse apprécier : anachronisme).

Les enjeux (économiques) étaient trop grands. Le sucre à l’époque, c’est de l’or, du pétrole quoi, ou l’accès à Internet.

La Guadeloupe saisit cependant sa chance, de même que Haïti (dont la révolte précipita le décret d’abolition), mais la Réunion se boucha les oreilles et la Martinique préféra, elle, se « vendre » à l’Angleterre, pour sauvegarder son équilibre économique.

Joséphine était martiniquaise.

Pendant longtemps, la rumeur a circulé que la réintroduction de l’esclavage en 1802 avait été faite sous la pression des amis de Joséphine justement, qui en bonne fille de « béké », même si elle n’avait pas « subi » l’abolition d’une main d’oeuvre gratuite, tenait quand même à rester sous le giron français.

C’est d’ailleurs ce qu’affirma aussi plus tard « Bonaparte », n’hésitant pas à charger le « lobby » esclavagiste et ses « criailleries » pour justifier ses décisions et actes.

La répression en Guadeloupe fut sanglante et couronnée de succès (on mata les guadeloupéens). En Haïti, on « échoua ». Elle devint la « 1ère République noire indépendante » de l’humanité. Toussaint Louverture, son leader indépendant, fut cependant arrêté, et finit ses jours d’une pneumonie dans le fort de Joux, dans le Doubs.

Problème, il se déclarait aussi foncièrement raciste. C’est comme ça.

« Je suis pour les blancs, parce que je suis blanc. Je n’ai pas d’autres raisons, et celle-là est la bonne ».

Mais un beau, un gros, un vrai !

« Comment a-t-on pu accorder la civilisation, à des gens qui ne savaient même pas ce qu’était la France ». !

En voilà des arguments !

Et là, on saisit nos étudiants allemands !

Parbleu !

ça, on ne le savait pas !

On savait juste qu’il avait reformé l’Allemagne, puis après, à force d’humiliations, contribué à la naissance de l’idée… d’une nation allemande !

Le MESSIE

Quand Napoléon devient 1er Consul et débarque en Allemagne, à l’issue de ce que l’on appelle la première guerre de « coalition » qui se termina par les traités de Bâle et de Berlin en 1796, puis de Campoformio en 1797, tout d’abord on le prend pour une sorte de « Messie ».

L’annexion des territoires de la rive gauche du Rhin – déjà opérée par les armées révolutionnaires – est enterrinée pour la France, de même que celle des Pays Bas autrichiens.

Pour autant, les Princes ou écclesiastiques à qui appartenaient ces terres, se doivent d’être indémnisés. Par d’autres terres que l’on prendra…. sur la rive droite du Rhin.

Comme ils ne semblent pas pressés de le faire (une constante en Allemagne « Pas d’expérimentation »), Paris prend les choses en main.

Pendant près de dix ans, l’Allemagne, qui est alors un puzzle d’Etats laïcs ou écclésiaux parfois minuscules, sans compter ses 51 villes franches et libres, va être remembrée par ce que l’on appelle la « sécularisation » (des biens écclésiastiques, pour dégager des liquidités) et la médiatisation.

Concrètement, cela signifie la « perte » et/ou redéfinition de plus de 110 territoires / principautés à l’ouest, concernant plus de 3,5 millions de germanophones priés de changer de « suzerains » (autorité hiérarchique, us et coutumes dont juridiques, éventuellement religion inclus).

Les biens de l’Eglise : on les vend, nationalise, et, dans le pire des cas, détruits. A Cologne, Napoléon fit ainsi abattre 62 Eglises !!! Un chiffre qui reste hallucinant ! Hallucinant par sa brutalité, mais aussi par ce qu’il disait de la « Cologne » de l’époque. Plus de 50% de la population largement, était « cléricale ».

A partir de 1799, puis 1802- 1804, quand il a définitivement le pouvoir, l’objectif sous jacent de Napoléon était naturellement de faire aussi naître des Etats « tampons » moyens, qui protégeraient la France de l’Autriche et de la Prusse. Ce qu’il parviendra définitivement à faire, quand après sa victoire à Austerlitz en 1805, les Etats du Sud, encore agrandis, récompensés par des titres de royautés (Le futur Louis II de Bavière), se lieront au sein de la « Confédération du Rhin » au dépens de l’Autriche, sonnant ce faisant le glas du Saint Empire Romain Germanique, qui, vidé de sa substance, se saborda de lui même l’année d’après..

« As de la rationalisation »

C’est sauvage, à la départementale, mais quand même plus propre vous l’avourez ?

C’était quoi ce bazar du « SERG » crée en 962, qui ni « fédération », ni « confédédération », vivotait quoi qu’il en soit et dont personne ne semble même s’être aperçu de la disparition?

Et encore, cela n’est même pas très « propre », car pour faire plaisir à tout le monde, on ménage les susceptibilités. Ce qui fait qu’un « prince de Hannovre », possède aussi des terres dans les lointains, et peut, du coup se targuer d’être un bon candidat à la Coruonne d’Angleterre.

Aujourd’hui encor, on croit rêver. Mais à l’époque, c’est une Révolution au sens propre du terme !

Au début, chacun en Allemagne, se gausse du progrès !

Hegel (comparse de Marx plus tard), va jusqu’à dire au début :

« Ah ces français : les As de la rationalisation » !

Mais très vite, reprise des guerres aidant, notamment contre l’Angleterre, puis contre l’Autriche (et – der des der, de la Russie), et peu importe aussi des progrès dûs à l’introduction du code civil, on en a « ras le bol » des français.

De leurs guerres, de leur occupation, exploitation, du blocus continental qu’ils imposent à l’Allemagne, en représaille du conflit britannique, de la famine, de la Censure…

Certes, les Etats du Sud, nouvellement constitués, se réjouissent des avancées napoléoniennes, d’autant qu’elles leur confèrent le satut de « royaume », et de titre de « roi » pour la Bavière par exemple. Mais de facto, le SER est mort, et ce qu’il en reste, sous la férule française, ne peut en aucun cas et à aucun moment se dire satisfaisant.

Tout cela, sera l’objet du prochain chapitre, et des « guerres de libération » comme on les appelle ici. De là, où, contre la France (Napoléon donc), est né le drapeau allemand.

Quand vous aurez compris, ce qu’a signifié Napoléon pour les « Allemands », même si cela ne fut pas la déflagration des guerres totales du XXième, vous comprendrez je crois leur traumatisme à la seule prononciation de son nom!

Sources diverses dont :

https://www.napoleon.org/histoire-des-2-empires/articles/les-allemagnes-napoleoniennes/

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