Avant de repartir sur Napoléon (pour en fait vous parler de Germaine de Staël, déjà évoquée), petit interlude sur le bilan de la cause féminine après 16 ans de gouvernement Merkel.
Vous allez nous dire : elle nous gonfle celle-là !
Oui, et je suis bien d’accord avec vous, vu que la situation de la « femme » et « mère » en Allemagne, m’a toujours assez interloquée et gênée, mais que j’ai bien dû m’aligner sur leur juridiction.
Donc, comme en ce moment on est à l’heure des « bilans » de l’ère Merkel en Allemagne, notamment à l’encontre des femmes et mères qui ne l’ont jamais intéressée (on ne la condamne pas, c’est très facile à comprendre), quand même un petit bilan, vécu.
Prérequis 1 :
- Sous le nazisme, il était clair, que la femme se devait d’être au foyer, pour élever de gentils aryens aux yeux bleus et cheveux blonds. C’est le fameux « Kinder, Küche, Kirche ».

- Pétain n’a pas fait autre chose, qui octroya à ma grand-mère une « médaille » de mère de famille nombreuse. Malheureusement, cela ne l’arrangeait en rien, et elle aurait préféré du « pain » pour nourrir sa nichée (13 enfants, on passe).
- J’ai beaucoup toujours de compassion pour ma Grand-Mère, aimante. Et les familles nombreuses.
Prérequis 2 :
- Après le nazisme, les représentants de la Constituante de la RFA – prétextant le « nazisme » justement, et son enbrigadement des jeunes – n’ont rien trouvé de mieux à dire que la « sphère familiale » relevait du privé (!!!), et que en « aucun cas », l’Etat ne devait s’en méler.
- C’est écrit dans la constitution de 1949.
- Du coup, les femmes étaient de nouveau renvoyées à leur fourneaux, mais cette fois-ci pour la « bonne cause » ! La vraie de vraie!! Cool quand même! Une partie du miracle économique de l’Allemagne d’après-guerre vient de là, les femmes n’étant pas sur le marché du travail.
Tout ceci a formidablement bien fonctionné, jusque dans les années 2000.
« Et si vous le mettiez en centre d’accueil pour enfants (abandonnés, ndlr)? »
je me souviens de ma belle mère, qui, alors que je voulais faire garder 15 heures par semaine mon aîné pendant qu’il faisait la sieste pour que je puisse souffler ou « travailler » avait suggéré, qu’on le mette à la DAAS.
Cela m’avait extrèmement choquée (euphémisme). Mais c’était comme ça. Ce qu’elle pensait.
Non seulement il n’y avait strictement aucune infrastructure digne de ce nom pour accueillir les enfants (jusqu’au bac de ma dernière), le système fiscal faisait tout pour « sortir » les femmes du marché du travail (aujourd’hui encore) mais en plus, on était socialement condamnée quand on voulait travailler. Etant alors qualifiée de « Rabenmutter » (la mère corbeau).
Le Spiegel cette semaine, aime à le rappeler. En 1992 – 1995 (année de naissance de mon fils aîné), 75% de la population ouest- allemande (53% à l’Est) pensait qu’un petit enfant « souffrirait », s’il ne restait pas dans les jupons de sa mère jusqu’à six ans (Les Françaises criaient, elles, à l’inceste !!!). Aujourd’hui, ce « taux » serait tombé à 45% à l’Ouest et 24% à l’Est.
J’ai lutté longtemps contre le « système » donc, et un jour j’ai abandonné, car par ailleurs, il était hors de question que je « refile mes gosses » à des structures ou personnes incompétentes.
Le tournant des années 2000
Les choses ont commencé à bouger au début des années 2000. Raisons ?
- un déficit démographique terrible, l’Allemagne plafonnant toujours aujourd’hui à un taux de fécondité de 1,57 en 2019 (dû en partie aux migrantes des dernières années). A l’époque, c’était 1,3. Avec de grands écarts entre les « Nouveaux Länders » et les anciens, de l’Ouest et les milieux sociaux.
- L’étude Pisa sur les performances du système scolaire qui a définitivement enterré le mythe des « jolis après-midis passés à pratiquer des activités artistiques et sportives »!
- Car dans les fait, ceci n’était réservé qu’aux enfants de la bourgeoisie, la grande majorité des autres regardant la TV ou ne faisant rien… Résultat : la scolarisation des enfants le matin seulement (jusqu’à 11 h ou 12 h ou 13 h), renforçait terriblement les inégalités sociales, mettant en danger même l’intégration des jeunes issus de l’immigration.
- et bien sûr, la demande des femmes elles-mêmes, désirant quand même un meilleur équilibre entre vie familiale et professionnelle.
Il faut quand même savoir que, aujourd’hui encore, 26% des femmes diplômées en Allemagne n’ont PAS D’ ENFANTS. Par peur justement de devoir rester à la maison et rayer d’un trait toutes les compétences acquises durant leurs études, leur vie personnelle etc…
Dans ce contexte, Angela n’est pas pour grand chose dans la « Révolution » qu’a connu tout le système scolaire allemand (de la maternelle au lycée) et comme le titre le Spiegel de cette semaine. Mais deux de ses Ministres.
Renate Schmidt (socialiste) d’abord qui déblaya le terrain. Et surtout Ursula von der Leyen, aujourd’hui Présidente de la Commission européenne après avoir été Ministre de la famille en Allemagne de 2005 à 2009 (puis du Travail, puis de la Défense…).

C’est à cette femme en effet, membre de la CDU, médecin et mère de septs enfants que ses concitoyennes en Allemagne doivent tous les progrès accomplis en la matière depuis lors. Et ils sont nombreux ! Voire luxueux pour le coup, si on compare certains de ses aspects à ce qui se passe en France.
- D’abord un congé parental d’un an à 65% de son salaire antérieur (voire de 14 mois si le « père » décide de garder aussi son enfant deux mois durant) ou à 32% pendant presque 3 ans.
- La « garantie » d’avoir une place au jardin d’enfant à partir de 3 ans, maintenant une place en crêche à partir de deux ans. On ne vous dit pas que cela « fonctionne » – loin de là pour les plus petits (près de 330.000 places manquantes), mais du moins est-ce inscrit dans la loi et donne donc du travail aux cabinets d’avocats.
- L’école « toute la journée » en primaire : ce qui ne signifie pas que les enfants ont cours l’après-midi mais qu’ils peuvent être « gardés » à l’école, y faire leurs devoirs, pratiquer des activités périscolaires etc…
- Le collège et le lycée aussi « toute la journée » (avec cette fois des cours l’AM) et la possibilité d’y manger dans une « cantine » ou « cafétéria »… Apparemment, 70% des établissements du primaire et collèges offriraient aujourd’hui une telle possibilité (contre 16% en 2000), et près de 50% des elèves l’utiliseraient (ce qui montre cependant là encore, que la pratique n »est pas du tout encore entrée dans les moeurs.)
Toutes ces années passées, Angela n’a jamais rien dit sur la question féminine allemande, tout en laissant faire. Ce n’est que maintenant, alors qu’on le lui « reproche » à demi-mot, qu’elle tente quelques sorties féministes ou explications. Difficile, ou… peut-être pas à comprendre, si l’on s’en tient à quelques faits.
Pour excuses :
- Elle-même n’a pas eu d’enfants, ce dont on ne pourrait lui vouloir, c’est son choix.
- en Allemagne de l’Est, ce problème n’existait pas. Et de facto : le taux de natalité était exactement parallèle aux moyens mis en oeuvre : une politique familiale attractive, tant en termes de services que de fiscalisté. Toutes les femmes est-allemandes, ont toujours pu compter sur « l’Etat » pour travailler. D’ailleurs, aujourd’hui ces dernières, toutes catégories sociales confondues, ont toujours plus d’enfants que celles de l’ouest.
- A l’Ouest, les méchantes langues disaient qu’elles étaient « aliénées ». Que si elles disposaient de tous ces moyens c’était parce que la RDA manquait de main d’oeuvre (ce qui n’est pas faux), et que le salaire de l’homme ne « suffisait » pas. Ceci, je l’ai entendu de mes propres oreilles par des jeunes femmes de l’Ouest il y a encore peu. Les femmes est-allemandes cependant, comme les françaises, n’ont jamais vu où était leur problème »d’aliénation ».
- Elle ne voulait pas lancer la discussion au sein de l’union (CDU/CSU), pour qui cela a toujours été un sujet sensible, étant la moins bien placée pour le faire. D’autant que comme elle l’a dit récemment, elle n’a jamais compris où était le problème (des Allemands de l’Ouest) justement concernant leur crispation sur la garde des enfants et d’un système scolaire intégré.
Ce qui est vrai.
Pour finir, même si l’avenir démographique de l’Allemagne n’est pas des plus rose, tout est bien qui finit bien.